jeudi 26 novembre 2009

Les Philippines doivent trouver le moyen d'attirer les investisseurs

En 2009, l'économie des Philippines a échappé aux effets dévastateurs des cyclones, qu'ils soient financiers ou naturels. En revanche, les troubles politiques pourraient bien provoquer de gros dégâts. Le massacre d'au moins 52 personnes sur l'île méridionale de Mindanao nous rappelle de façon tragique que l'économie n'est pas toujours la priorité numéro un des responsables politiques. Les incidents, qui ont éclaté à Mindanao, ne devraient pas se propager dans le reste du pays, mais ils compromettent les investissements étrangers dans un pays qui en manquait déjà cruellement.

En comparaison de ses voisins asiatiques, les Philippines ont vécu une crise économique plutôt modérée. Si l'on s'attend bien, cette année, à un recul de 17 % des exportations traditionnelles, les mandats envoyés au pays par les travailleurs philippins ayant émigré à l'étranger - 10 % du produit intérieur brut (PIB) - restent importants. Voilà qui couronne la stratégie officieuse consistant à exporter des habitants aussi bien que des produits. La Banque mondiale prévoit une croissance du PIB philippin de 1,4 % pour 2009.

Les investissements, eux, se sont taris. Si l'on en croit les travaux menés par la banque australienne Macquarie, le flux net s'est élevé à 389 millions de dollars (258 millions d'euros), soit une moitié de ce que récolte l'Indonésie, malgré des ratios cours/bénéfices moitié moins élevés. C'est le résultat de plusieurs décennies de capitalisme clientéliste et d'une succession de gouvernements faibles. La Banque mondiale calcule un indice destiné à classer les pays en fonction de leur propension à "faciliter les affaires". L'édition 2010 voit les Philippines reculer de trois places pour occuper désormais le 144e rang mondial.

Budgets déficitaires

Le gouvernement a tenté de remplacer les investisseurs indifférents, et la présidente, Gloria Macapagal-Arroyo, a enchaîné les exercices budgétaires déficitaires. Selon la Standard Chartered Bank, le déficit public devrait représenter 4 % du PIB en 2009, c'est-à-dire 6,8 milliards de dollars. L'Etat a émis pour 3,2 milliards de dollars d'obligations cette année, mais l'échec qu'ont essuyé deux mises sur le marché montre que les taux d'intérêt sont sous pression.

Les élections du mois de mai 2010 porteront peut-être un nouveau gouvernement au pouvoir, mais il y a peu de chances d'assister à une révolution économique. Comme les riches Philippins acquittent assez peu d'impôts, le ratio recettes publiques/PIB est l'un des plus bas au monde. Manille préfère compter sur ceux qui sont partis travailler ailleurs et sur les marchés mondiaux de titres de dette. Quand on se souvient qu'il y a cinquante ans, le PIB par habitant du pays valait presque celui du Japon, on ne peut pas s'empêcher de penser qu'il mérite bien mieux.

Source : Le Monde

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