lundi 28 septembre 2009

Philippines : après les inondations, les habitants face aux pilleurs

De la boue jusqu'aux genoux, les habitants d'un quartier de Manille, recouvert par les inondations, tentaient lundi de devancer les pilleurs et de sauver ce qui pouvait l'être.

"Nous espérons récupérer quelque chose de notre maison, s'il y a encore quelque chose à sauver", témoigne Jun de Guzman, 48 ans, habitant de Provident Village, une banlieue de Manille.

Armé de balais, il se dirige avec trois amis vers le quartier, ravagé samedi comme le reste de la capitale philippine, par une tempête tropicale qui a provoqué les pires inondations depuis quatre décennies.

Mais pour d'autres résidents, il est déjà trop tard. Des pilleurs ont "visité" les maisons abandonnées, faisant main basse sur les appareils électriques, les téléviseurs et tout objet de valeur.

A un coin de rue, des appareils apparemment récupérés par les pilleurs s'amoncellent. Interrogés par un journaliste pour savoir s'ils sont les propriétaires des maisons, les hommes refusent de répondre.

Dans les rues où s'empilent des voitures poussées par les flots boueux, deux policiers patrouillent.

Les autorités ont mis en garde contre le pillage, deux jours après des inondations qui ont fait 140 morts et poussé plus de 450.000 personnes à quitter leurs habitations, désormais laissées sans surveillance.

De peur de tout perdre et malgré les conditions de vie intenables, des habitants ont pourtant refusé de partir, a expliqué le responsable du Centre de coordination des catastrophes nationales, Anthony Golez.

"Ils ne veulent pas partir, peut-être parce qu'ils ont peur de voir leur maison pillée. Nous comprenons très bien ce genre de réactions", a déclaré M. Golez.

A Provident Village, à l'est de Manille, l'eau est montée samedi au-dessus des digues de la rivière Marikina.

En quelques heures, un torrent de 6 mètres de haut a balayé le village, a témoigné Lizette Lumantad, qui a survécu à la catastrophe, réfugiée avec ses cinq fils au 3e étage de son immeuble.

"Ma famille a survécu mais nous avons vu des voitures projetées contre les murs des appartements en-dessous de nous", a témoigné à l'AFP Mme Lumantad.

Deux jours après et alors que l'eau s'est retirée, des chaises et un ventilateur pendent des branches d'un arbre, témoignant de la virulence des flots.

Ailleurs, les habitants racontent l'histoire de Muelmar Magallanes, jeune ouvrier de 18 ans, qui a sacrifié sa vie pour en sauver 30.

C'est après avoir un dernier sauvetage héroïque, celui d'un bébé de six mois que le jeune homme est mort, emporté par les eaux.

"Je serai éternellement reconnaissante à Muelmar. Il a donné sa vie pour ma fille", témoigne Menchie Penalosa.

Dans les différents centres d'accueil d'urgence de Marikina, où 10.000 personnes ont trouvé refuge, les sinistrés, qui n'ont même plus d'ustensiles de cuisine, ont d'abord besoin de nourriture, a assuré Marites Fernando, maire du district.

"Nous faisons ce que nous pouvons pour aider les sinistrés, mais nous avons besoin de plus d'aide", a-t-elle lancé.

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